Dans un refuge, aucune journée ne ressemble à la précédente.
Des rencontres de tout type se font chaque jour qui passe, sur le plan humain ou animal.
Voici l’histoire de l’une d’entre elles …
Capsule est une minette dont la vie n’était qu’errance et misère, sur un parking dans un petit village Alsacien. Affamée, maigre, à l’évidence en très piteux état, son état n’inquiétait pourtant personne. Un jour du mois de Novembre 2017, une bénévole de l’association a décidé de poser un piège-trappe pour sauver la belle.
Capsule et son triste passé sont alors arrivés à la SPA de Colmar.
Une fois en cage, et donc en position de vulnérabilité et de proximité forcée face à l’humain, la collaboration de Capsule était discutable.
Sauvage, affaiblie, souffrante et dorénavant acculée, il a été de nombreuses fois question de la relâcher sur son parking – peut-être natal -, une fois la stérilisation et l’identification faites.
Mais dans le monde de la protection animale, il faut chaque jour dépasser des limites toujours plus loin, et surtout des aprioris concernant les animaux.
Il a donc été décidé que Capsule serait suivie plus longtemps par le vétérinaire du refuge, et serait placée à l’adoption, selon son évolution comportementale ; qui dépendait évidemment de son état de santé.
Au fur et à mesure des jours qui passaient, Capsule se calmait, et se montrait alors sous un tout nouveau visage ; celui d’une gentille minette – qui avait cependant ses têtes, tout le monde s’en souviendra bien ! – en manque cruel de présence et surtout de bienveillance.
Pâtées et friandises étaient bienvenues pour donner à Capsule, une bonne raison d’accorder sa confiance.
Une grande histoire d’amour et de confiance mutuelle commençait à s’écrire entre Capsule, et une employée des chatteries ; la même qui rédige aujourd’hui ces quelques lignes.
Capsule était devenue un combat personnel ; celui de soigner, et protéger cette chatte, mais surtout de lui offrir une vie digne de ce nom, loin de son sombre passé, comme malheureusement se résume la vie de beaucoup de chats errants.
Après des examens vétérinaires plus poussés, Capsule s’est avérée être souffrante d’un FCV ( Feline CaliciVirus ), très contagieux pour les autres chats, causant ulcérations et autres gingivites chroniques, la faisant souffrir épisodiquement. Des injections de cortisones devaient alors être réalisées en moyenne une fois toutes les deux semaines, pour soulager la douleur.
Ne se laissant pas aisément manipuler, il a alors été question de la faire endormir.
Mais la réponse fut sans appel ; hors de question de faire s’éteindre cette jolie fleur.
Pour palier à la douleur, et retarder un maximum l’administration de cortisone, plusieurs soins naturels étaient entrés en fonction ; de la propolis sans alcool deux fois par jour, et de l’huile de pépin de pamplemousse mélangées à la pâtée quotidienne.
Et sans aucun doute, c’était efficace !
Après une extraction dentaire totale, – très souvent impérative dans les cas de FCV– Capsule retrouvait goût à la vie. Une page se tournait alors, laissant ainsi la place à un avenir meilleur.
C’est au mois de Mai 2018, que l’association Allemande AmisTico (Amis du Tierheim Colmar), avec laquelle le refuge collabore depuis plusieurs années, a annoncé le départ très proche de Capsule, dans ce qui allait être sa famille pour la vie.
Le départ de Capsule était difficile à envisager ; mais mon travail à ses côtés touchait à sa fin, il fallait se rendre à l’évidence.
Je garderais, dans sa chatterie, seulement des souvenirs et son passé, indissociable d’elle mais dont elle devait maintenant se débarrasser pour de bon.
Je me rendais compte que j’avais maintenant plus besoin de Capsule dans ma vie, que l’inverse.
Nombre d’employées du refuge et de la fourrière étaient attachées à la belle Capsule et à son histoire marquante.
Le jour de son départ, un pique-nique a été organisé dans sa chatterie, pour une dernière compagnie bien entourée.
C’est un samedi, le 9 Juin 2018 vers 14h, qu’une adorable dame a franchi le portail de la SPA, avec l’association AmisTico.
Ulrike venait adopter Capsule.
Une heure s’est écoulée, durant laquelle moi-même, Ulrike et Capsule étions installées dans sa chatterie ; voulant discrètement retarder l’heure de son départ.
Mais cette dernière est arrivée, et voilà Capsule installée dans sa caisse de transport, sur le siège passager d’une Opel Tigra, plus prête que jamais à quitter l’Alsace.
Il aura fallu une bonne semaine avant de pouvoir me décider à vider la chatterie dans laquelle Capsule habitait depuis plusieurs mois ; la chatterie n°9 était devenue la sienne.
Elle était dorénavant vide, avec quelques dodos et gamelles, mais chose promise – chose due, son passé y était enchaîné ; aucune possibilité pour elle de le traîner lourdement dans sa nouvelle vie.
Dans deux mois, une année se sera écoulée au refuge, sans Capsule. Et depuis, beaucoup de nouveaux pensionnaires sont venus et repartis, tous laissant dans le cœur des employés et bénévoles une empreinte indélébile, chacun à leur manière.
Capsule, dans sa malchance, aura eu beaucoup de chance de tomber sur les bonnes personnes à un moment crucial de sa vie de chat.
Aucun animal ne mérite d’être laissé souffrant, parfois agonisant ; il existe énormément de solutions diverses et variées pour lui éviter ça. Des associations et vétérinaires seront toujours disponibles pour aider n’importe quelle personne à sauver n’importe quel animal. Retournez-vous sur lui, aidez-le, emmenez le voir un vétérinaire. Il est peut-être recherché par sa famille, ou peut-être l’inscrirez-vous au début d’une longue chaîne de solidarité lui permettant de quitter sa vie de misère.
Aujourd’hui, Capsule est choyée, aimée et protégée à sa juste valeur ; qui n’est pas juste la valeur d’un chat errant ; mais celle d’un petit être vivant qui ressent la douleur, la peur, mais aussi l’amour.
Tant qu’on a pas aimé un animal, une partie de notre âme reste endormie.
Anatole France